Les faits
La plaignante, une préposée aux bénéficiaires dans un CHSLD a tenu des propos injurieux, abusifs et diffamatoires pendant près de 30 minutes à l’endroit de son supérieur et de l’entreprise lors d’une rencontre organisée afin de discuter de ses retards et de son attitude. Lors de cette même rencontre, la plaignante a également lancé une chaise contre le mur et a failli s’en prendre physiquement à son supérieur. Une fois la rencontre terminée et alors qu’elle quittait les lieux elle a volontairement klaxonné deux (2) fois son supérieur lorsqu’elle l’a aperçu.
Quelques semaines avant cet incident, la plaignante avait reçu une suspension d’une (1) journée suite à un comportement similaire : perte de sang-froid, avoir crié, injurié et menacé d’autres employés. Suite à cet incident, la plaignante s’était engagée à dorénavant contenir ses émotions, adopter une attitude professionnelle et respectueuse et à continuer d’aller chercher l’aide appropriée afin de gérer sa colère.
La décision
L’arbitre, Me Faucher, retient d’abord que les injures étaient de nature à blesser l’amour propre de son supérieur et à atteindre sa dignité. Celles-ci avaient également une connotation violente.
La plaignante a été incapable de se ressaisir et de se calmer. Les employés et les usagers du CHSLD ont pu entendre toute la scène.
Elle admet avoir tenu des propos injurieux et inappropriés, avoir crié pendant une trentaine de minutes, avoir violemment ouvert les portes et avoir insulté son supérieur et l’employeur en les menaçant de poursuites, mais elle nie avoir lancé une chaise, avoir voulu s’en prendre physiquement à son supérieur et l’avoir volontairement klaxonné. L’arbitre ne retient toutefois pas sa version des faits puisque celle-ci n’est pas corroborée. Trois (3) autres témoins confirment plutôt les comportements reprochés. Le fait que la plaignante refuse de reconnaître deux (2) des fautes les plus graves est considéré comme un facteur aggravant par l’arbitre.
Même si le syndicat allègue qu’elle vivait des moments difficiles et qu’elle prenait des antidépresseurs, la preuve a révélé qu’elle avait cessé de se présenter à sa thérapie, qu’elle n’était pas en arrêt de travail et qu’elle avait refusé l’aide offerte par son employeur. L’arbitre mentionne que rien ne justifiait un tel comportement.
Vu sa faible ancienneté, le fait qu’elle avait déjà reçu une suspension d’un jour suite à un comportement similaire, le fait que le CHSLD héberge des personnes vulnérables et qu’elle avait lu et signée le code d’éthique prévoyant que la qualité du milieu de vie repose sur le principe du respect mutuel et qu’il faut donc s’abstenir de toute forme de discrimination et de violence, l’arbitre conclu qu’il s’agit d’une faute grave qui mérite de passer outre la progression des sanctions. Le congédiement est donc confirmé.
Référence : Unions des employés et employées de service, section locale 800 et CHSLD de Laval (Nancy Conway), (T.A., 2018-02-19), 2018 QCTA 69 SOQUIJ AZ-51472302, arbitre Nathalie Faucher.